Hommage vibrant à Albert Rakoto-Ratsimamanga !

Notes du passé.

Le vendredi 9 juin 1967, le Pr Albert Rakoto-Ratsimamanga (alors Docteur) reçoit la médaille qui concrétise son élection à l’Académie des Sciences à l’Institut de France. Plusieurs personnalités interviennent à cette occasion. Nous retiendrons particulièrement l’allocution de Thomas Rahandraha, maître de conférences à la Faculté des Sciences d’Antananarivo, véritable hommage à « cet homme plein de prestige ». « Il représentait tout pour nous, jeunes étudiants malgaches qui, autour des années 1945-49, étions véritablement angoissés pour l’avenir de notre pays ». Et de témoigner : « C’était à lui, irrésistible pôle d’attraction, que nous venions pour peu que nous nous sentions une responsabilité dans quelque domaine que ce fût ; pour peu aussi qu’à cette époque difficile, nous ayons le courage d’aller vers celui qui avait été le fondateur du Mouvement démocratique de la rénovation malgache (MDRM) ». 

Thomas Rahandraha se souvient des interminables discussions de jeunes intellectuels « entiers, assoiffés d’absolu », mais quelque peu déroutés par les remarques percutantes d’un aîné plongé dans la réalité des choses et « dont la profondeur de vue nous frappait ». Sitôt ses études de chimie terminées, Thomas Rahandraha décide de s’initier à la physiologie auprès du Dr Rakoto-Ratsima­manga. « C’est là que j’ai eu la joie et le privilège de comprendre l’hom­me ». D’après lui, son Maître allie la sensibilité à l’intelligence, le sens aigu de la responsabilité à une énorme capacité de travail, le sens profond de l’humain et l’intelligence du social au patriotisme le plus pur. « Chaque jour qui passe, en témoigne ». Albert Rakoto-Ratsimamanga respecte la personnalité de ses collaborateurs, se soucie de ne jamais heurter l’autre dans ses idées, ses façons de penser, son attitude dans la vie, ce même souci « d’écarter toute forme de violence et de rechercher en toute occasion la solution la plus humaine, sinon la plus élégante ».

Thomas Rahandraha insiste également sur « la promptitude à s’effacer » de son Maître, sa générosité pour permettre à chacun de tenter sa chance, d’aborder ou de résoudre un problème selon son tempérament et son rythme, sa bienveillance amicale pour aider les plus jeunes à découvrir leurs propres richesses et à se réaliser pleinement. Et surtout, « cette inquiétude qui se peint sur le visage d’expression si mobile quand un collaborateur se trouve dans une situation difficile, cette joie communicative qui éclate pour annoncer une nomination, une montée en grade, ou simplement en constatant une expérience réussie, cette constante et fiévreuse préoccupation de l’avenir de chacun, cette fidélité dans l’amitié ». Tel est l’homme.

À ses délicates qualités du cœur se joignent celles de l’esprit comme l’attestent ses nombreux travaux scientifiques. Mais le Maître est aussi un homme aux multiples activités intellectuelles et artistiques et surtout, un grand patriote. Encore étudiant, il fonde en 1934 l’Association des étudiants d’origine malgache. Puis sentant venir la guerre, prévoyant, il crée en 1938 l’Amicale des Malgaches de France et aide à la mise en place de l’Association des anciens combattants malgaches résidant en Métropole. Il tisse aussi des liens avec les disciples de Gandhi. Ce qui ne l’empêche pas de s’engager comme volontaire en 1939. Il organise un réseau d’évasion pour les prisonniers de couleur, cache des résistants, n’abandonne pas ses amis juifs, collecte des fonds pour l’Algérie, aide les FTP français. Et en fin de guerre, il prépare doucement l’opinion française à la possibilité de revendications d’indépendance de Madagascar en créant le Comité franco-malgache. Il fonde aussi les Amitiés malgaches de l’enfance malheureuse en organisant l’aide aux enfants d’anciens combattants, dont plus d’une trentaine sont ses filleuls et, plus tard, l’aide juridique, morale et matérielle aux détenus politiques malgaches.

Source: Pela Ravalitera

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